Le manager du team vendéen contemplait ses coureurs qu'il aime tant et se laissait aller à un discours enflammé. « Je la sens bien cette saison... Et cette équipe aussi. Elle incarne toutes les valeurs que nous défendons depuis 1991 quand on nous traitait de farfelus. Je suis un obsédé du collectif. Et on a prouvé par l'exemple que cette philosophie payait. Gagner, c'est bien, mais écrire l'histoire, c'est mieux. »
Et l'équipe des Essarts est au pied de la sienne en cette année 2010. Car cette saison est particulière pour le groupe de Jean-René Bernaudeau. À double titre de surcroît.
L'émotion avant la nostalgie
Sur le strict plan de son existence d'abord. L'opérateur de téléphonie mobile, arrivé en 2005, a en effet annoncé qu'il cesserait son partenariat à l'issue de cette saison. Bernaudeau, dont « la vraie vie reste avant tout de manager des coureurs », oeuvre donc depuis plusieurs mois dans la coulisse pour trouver un repreneur. « Il y a aura un après Bouygues, annonce-t-il. Je suis très serein même si j'ai intégré le fait de vivre dans l'incertitude. L'équipe a une très bonne image, nos valeurs sont porteuses. Je vends du sport authentique et la vraie éthique que nous défendons a une valeur. »
Le contexte aussi, du reste. Car la formidable exposition qu'offre le tracé du Tour de France 2011, dévoilé mardi ¯ avec un départ en Vendée et une étape dans le fief même du team ¯ représente une carte majeure de plus dans le jeu de Bernaudeau.
Mais l'atout principal des BBox, ce sont ses coureurs. Les maillots turquoise du peloton viennent de remporter le Tour du Gabon dans la roue d'Anthony Charteau. Et c'est bien en brillant sur la route que les coureurs de JR lui donneront le plus gros coup de main. C'est là la deuxième donnée de l'équation 2010. 19e au classement mondial, l'équipe a été reléguée en ContinentalPro. Si elle aura tout de même accès à 80 % des courses du calendrier, dont le Tour de France, c'est après que l'enjeu est énorme. Car l'UCI a changé son mode de qualification. À partir de 2011, l'accès aux épreuves majeures et aux grands tours, sera réservé aux 17 meilleures équipes du classement.
Pour marquer des points, Voeckler et Fédrigo, les capitaines de route, vont donc devoir trouver du soutien chez les jeunes, en particulier avec Pierre Rolland, dont on peut attendre beaucoup sur la Grande boucle, mais aussi les Cyril Gautier et William Bonnet. L'équipe a aussi recruté trois coureurs expérimentés, même si le puncheur Vogondy est pour l'instant privé de vélo (lire ci-dessous).
En tout cas, l'année 2010 sera donc, pour BBox, le rebond ou la fin. Emmanuel Foirest, le directeur général délégué d'une entreprise qui passera la main, opte pour la première voie. « En attendant la nostalgie, on a l'émotion. L'histoire continuera dans les coeurs et dans les esprits. Marqués par les succès arrivés. Et ceux à venir... »